Certains d’entre vous se souviendront peut-être que le 7 mai 2012, la conseillère Ana Nunes nous annonçait qu’elle présiderait bientôt un «comité des Sages». Tel un phénix, l’ancien comité consultatif sur les relations intercommunautaires allait renaître de ses cendres.
Nunes nous avait alors bien avertis. Elle n’y nommerait pas n’importe qui. C’est avec soin qu’elle choisirait chacun de ses membres «d’après son niveau de connaissance, sa culture, son intelligence de cœur, son ouverture et sa reconnaissance parmi ses pairs.»
Depuis près de neuf mois, à raison de deux réunions par mois, le comité Nunes n’est plus en rodage. On est en droit de penser qu’il a atteint sa vitesse de croisière. Aussi, je me permets de vous livrer mes observations.
Le 10 septembre 2012, j’ai été personnellement invité par le comité à venir m'exprimer sur ce que je reproche aux autorités municipales, notamment en matière de laxisme et de laisser-faire à l’égard de pratiques non conformes à la réglementation municipale que bafouent certains membres de la communauté hassidique.
Cette rencontre s’est déroulée de façon tout à fait civilisée. Je savais bien que certains membres du comité ne m’accueillaient pas de gaîté de cœur. Ce n’était certainement pas une surprise. Après tout, mon blogue ne fait pas l’unanimité.
Ce qui m’a franchement étonné, par contre, ce fut de réaliser qu’un membre du comité, dans l’incapacité d’être présent à cette rencontre, avait tout bonnement été remplacé par sa… mère! Moi qui avais entendu Ana Nunes nous raconter que chacun des membres avait été spécialement trié sur le volet, je n’aurais pu imaginer qu’ils puissent être remplacés au pied levé et encore moins selon des critères héréditaires.
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Mindy Pollack, membre interchangeable du comité Nunes |
Par ailleurs, le 15 février dernier, j’ai été soufflé de lire la lettre d’opinion fallacieuse qu’a publiée cette même Mindy Pollack dans The Gazette.
Dans sa diatribe contre la décision du conseil d’Outremont de refuser une dérogation au règlement sur les autobus pour la fête de Pourim, cette jeune femme hassidique a prétendu que le comité sur les relations intercommunautaires était uniquement composé de citoyens ordinaires.
Vraiment! Des citoyens ordinaires? Ordinaires comme Graham Carpenter, peut-être? Permettez-moi de vous montrer combien il est ordinaire, le citoyen Carpenter.
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Graham Carpenter, citoyen ordinaire? |
Le prétexte de cette rencontre était la remise au lobbyiste Mayer Feig d’une médaille en l’honneur du jubilé de la reine Elizabeth. Pour cet ultraorthodoxe qui voue un culte exclusif aux grands rabbins de la Dynastie hassidique de Bobov, on imagine combien cela a dû lui faire chaud au cœur de se faire épingler le bouton de la Reine d’Angleterre.
Graham Carpenter a été à la fois le chef d’orchestre et le témoin privilégié de cette scène émouvante. Il faut entendre Mulcair courtiser ses grands électeurs à redingote qui viennent justement de se regrouper en un nouvel organisme parapluie baptisé Quebec Jewish Council : «You will have the full support of my office. Graham is there. You will have the full help of the party».
Visionnez cette courte vidéo
Graham is there? Graham n’est pas seulement là. Le directeur de bureau de comté de Mulcair fricote et grenouille aussi au sein du comité Nunes. Il ira raconter à d’autres qu’il est un simple citoyen comme les autres.
Il est carrément scandaleux que ce meneur de claque du NPD siège à ce comité destiné d’abord et avant tout à satisfaire la liste d’épicerie des passe-droits que les leaders hassidiques tiennent mordicus à obtenir. Carpenter et Mulcair utilisent grossièrement ce comité pour leurs intérêts politiques.
Comme si ça ne suffisait pas, nous avons récemment appris qu’Ana Nunes avait nommé un nouveau membre à son comité des Sages. Il s’agit de M. Jakob Karmel.
À ceux qui ne le connaîtraient pas encore, M. Karmel est le vice-président de la congrégation Munchas Elozer Munkas, cette fameuse synagogue du 1030 - 1032, rue Saint-Viateur Ouest qui est illégale depuis près de 30 ans et dont la Ville de Montréal vient (vaut mieux tard que jamais!) de réclamer la fermeture en Cour supérieure. Nous attendons dans les semaines qui viennent le jugement qui, espère-t-on, scellera son sort une fois pour toutes.
Grâce à de tels personnages, notre démocratie n'a vraiment rienà craindre.
Au cours des dernières années, les dirigeants hassidiques ne se sont pas gênés pour défier l'interdiction de parcourir les rues résidentielles avec leurs autobus. Il ne reste plus qu'à attendre de voir ce qu'ils décideront, les 23 et 24 février prochain. Dans sa lettre d'opinion, Mindy Pollack nous donne déjà un bon indice de ce qui risque de se produire: «The community will once again next weekend be treated like outlaws».